The World after coronavirus

Par Lucienne Gillioz.

Un article de Yuval Noah Harari publié dans le Financial Times du 20 mars 20201

Dans ses derniers ouvrages1, Harari nous avait habitués à son regard d’une étonnante lucidité sur notre époque. Dans une chronique du Financial Times, il intervient à point, en pleine crise du coronavirus, pour nous mettre en garde : les décisions prises aujourd’hui dans l’urgence engagent le monde de demain, pour le meilleur ou pour le pire.
Selon Harari, la crise actuelle nous met face à deux choix fondamentaux:

  • le premier entre surveillance totalitaire et renforcement du pouvoir des citoyen.e.s
  • le second entre repli nationaliste et solidarité à l’échelle globale. Au cours des dernières années, les technologies numériques ont démultiplié les possibilités de surveillance des populations. L’épidémie, toutefois, pourrait représenter un moment historique critique, dit Harari. D’une part, elle normaliserait et légitimerait la surveillance de masse mise en place au nom d’impératifs sanitaires, de sorte que des mesures temporaires pourraient devenir permanentes. D’autre part, elle consacrerait le passage d’une surveillance « sur la peau » à une surveillance « sous la peau ». Avec l’enregistrement de notre température, rythme cardiaque, pression sanguine, c’est aussi l’accès à nos sentiments les plus intimes, colère, anxiété, joie etc. qui devient possible. Cette intrusion pourrait se révéler désastreuse dans les mains de gouvernements autoritaires. Plutôt que de miser sur une surveillance totalitaire assortie de sanctions, Harari parie bien plus sur le renforcement du pouvoir des citoyen.e.s, qui dûment informé.e.s, prendront les mesures qui s’imposent. Par exemple, note-t-il, le lavage des mains au savon, pratique librement consentie, a depuis le 19e siècle sauvé des millions de vie.

La crise du coronavirus a aussi démontré de façon flagrante le repli des États sur eux-mêmes et leur absence de concertation pour élaborer une stratégie globale de lutte contre la maladie. D’où l’intérêt du deuxième axe de réflexion de Harari : à l’avenir il faudra choisir entre l’isolement nationaliste ou la solidarité et la coopération. Il en appelle à une indispensable collaboration en matière de partage de l’information, distribution de matériel et de personnel médicaux, réponses économiques à la crise.

En ces temps incertains et troublés, lire Harari est une mesure d’hygiène mentale !

LG/07.04.2020

  • 1/ www.ft.com/content/19d90308-6858-11ea-a3c9-1fe6fedcca75
  • Homo Deus, : une brève histoire du futur. Ed. Albin Michel, 2017
  • 21 leçons pour le XXIe siècle. Ed. Albin Michel, 2018

One Reply to “The World after coronavirus”

  1. le deuxième axe de réflexion de Harari semble donner des pistes d’évolution encourageantes ….,
    bienvenue dans cette période, disons, d’incertitudes…

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