Protestation ou prise en otage ?

Pays le plus visité au monde, la France est vraiment un pays incompréhensible. Où qu’il aille, le touriste est séduit par son exceptionnel patrimoine historique et culturel, ses paysages variés ou encore sa gastronomie. On finit par oublier les quelques couacs et seuls restent les bons souvenirs.

Sauf quand on a eu le malheur de prendre un billet de train pour Genève un jour d’avril 2023, date que les syndicats ont également choisi pour en faire une journée de protestation contre la réforme des retraites.

Après avoir essayé de mettre sa valise dans des porte-bagages surchargés, essuyé quelques bousculades, on accède enfin à sa place. On s’y assoit. Alors que l’heure du départ est dépassée de plus de dix minutes, une voix déclare au micro – uniquement en français malgré le grand nombre d’étrangers – que le train partira avec un retard de vingt minutes. Le temps passe. Aucun complément d’information. Après plus d’une heure d’attente, on annonce finalement que le départ du train est annulé. On nous prie de descendre rapidement car le train va partir au dépôt. Fureur à peine contenue de nombreux passagers, désarroi des étrangers.

Au bout du quai, quelques dizaines de syndicalistes agitent des drapeaux rouges sous une banderole « 64 ans c’est non », sans le moindre regard pour la horde de passagers égarés. C’est le soir. Plus de train pour Genève, et beaucoup ne savent où et comment passer la nuit et s’ils auront un train le lendemain.

Au nom de quel principe peut-on justifier de maltraiter ainsi des personnes dont le seul tort est d’avoir voulu voyager ce jour-là, quelle qu’en soit la raison ? En prenant en otage les usagers, les syndicats français des transports servent-ils vraiment leur cause ou ouvrent-ils aveuglément la voix à l’exaspération qui conduit mécaniquement au populisme ? JDR

One Reply to “Protestation ou prise en otage ?”

  1. On peut espérer que la visible ou plutôt lisible exaspératIon de l’auteur du présent billet d’humeur ne conduit pas, aussi mécaniquement qu’il le suggère dans sa question finale, au populisme qu’il déplore à longueur de colonnes. S’il est possible de consoler l’inconsolable, NON, LE populisme, qui admet d’aussi nombreuses variantes que de couleurs dans l’arc-en-ciel, n’est pas le produit mécanique de la pratique syndicale française du droit de grève qui horripile les suisses nostalgiques de la célèbre paix du travail. Reste en effet à savoir de quoi celui des populismes qu’il redoute, à savoir le national-populisme qui figure en exergue de ce blog, est-il le produit et s’appliquer en commun à mieux en cerner les causes…, qui n’ont évidemment rien de « mécanique », pour mieux les combattre. DC

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