Covid-19 : l’indécence des uns et la misère des autres !

Par Jean-Daniel Rainhorn

Une enquête du quotidien britannique « The Guardian » nous apprend que le Covid-19 n’est pas simplement une maladie qui aura tué près de deux millions de personnes en une année et qui a des conséquences socio-économiques mondiales effrayantes https://www.theguardian.com/technology/2020/dec/19/ten-billionaires-reap-400bn-boost-to-wealth-during-pandemic. Depuis le début de la pandémie, il y a neuf mois, quelques-uns des plus riches milliardaires de la planète ont vu leur revenu, déjà considérable, augmenter dans des proportions jamais vues jusqu’à ce jour. Conséquences directes ou indirectes de la pandémie, les chiffres publiés par The Guardian donnent le vertige !

Jeff Bezos, le fondateur et directeur général d’Amazon, a vu sa richesse grimper de 70 milliards de dollars depuis mars 2020 pour atteindre un record de 185 milliards de dollars alors que des centaines de millions de personnes piégées chez elles n’ont d’autre solution que de se tourner vers le géant de la livraison en ligne pour se nourrir et se divertir. Elon Musk, directeur général de la société de voitures électriques Tesla a vu sa fortune grimper à 153 milliards de dollars alors qu’elle était de 25 milliards de dollars en mars dernier. Bernard Arnault, le patron du groupe de luxe LVMH Moët Hennessy Louis Vuitton et l’homme le plus riche d’Europe, a vu sa fortune doubler depuis le début de la pandémie. 

Parmi les autres milliardaires qui ont considérablement augmenté leur fortune depuis le début de la pandémie on trouve Mark Zuckerberg de Facebook, dont la fortune a augmenté d’environ 80% à 100 milliards de dollars, l’investisseur Warren Buffett, Larry Ellison co-fondateur d’Oracle, Larry Page et Sergey Brin cofondateurs de Google qui ont chacun empoché en neuf mois une somme estimée à 74 milliards de dollars, ainsi qu’Amancio Ortega, le fondateur de Zara. 

L’article du Guardian souligne que seuls deux de ces super-milliardaires ont consacré une partie de leurs gains à soutenir, à hauteur de plusieurs milliards de US$, des projets pour le développement de vaccins contre les coronavirus et des projets de santé liés à la pandémie Covid-19 (Bill Gates) ou à financer des initiatives de solidarité sociale (Mackenzie Scott, l’ex-épouse de Jeff Bezos). 

Alors doit-on rester les bras croisés devant une augmentation aussi indécente de la richesse de quelques-uns ? Peut-être est-ce le moment de proposer un « Impôt Covid » qui servirait à financer des plans de relance pour soutenir ceux et celles qui sont les perdants de la pandémie ? Cela n’affecterait que marginalement la fortune des uns tout en aidant significativement des centaines de millions d’autres. C’est une question de justice sociale et d’éthique ! A moins que comme l’autruche, les gouvernements préfèrent attendre la révolte de tous ceux qui seront les victimes des conséquences sociales et économiques de la pandémie ? Le réveil risque d’être douloureux !

3 Replies to “Covid-19 : l’indécence des uns et la misère des autres !”

  1. CHATAIGNER Bernard dit : Répondre

    On ne peut qu’approuver la proposition d’un impôt Covid. Surtout si l’on compare l’ascension des fortunes à la désescalade des taux d’impôts.Ainsi, en France, les cinq cents plus grandes fortunes françaises ont augmenté de 210 à 730 milliards d’euros entre 2010 et 2020 (de 10 % à 30 % du PIB) avec un taux supérieur de l’impôt sur le revenu de 45%, alors qu’il dépassait généralement 60% entre 1914 et 1986

    Aux Etats-Unis après la crise de 1929, qu’on pourrait comparer sur le plan social et financier à celle de la pandémie actuelle, Roosevelt avait, à partir de 1932, instauré un taux supérieur de l’impôt sur le revenu autour de 80%, un taux qui a persisté à ce niveau jusqu’en 1980 avec l’arrivée de Reagan et du néolibéralisme.

    « Le problème se pose dès maintenant ! Cette crise contribue à accroître les inégalités. C’est en ayant recours à des prélèvements exceptionnels sur les plus aisés que l’on a éteint les grandes dettes publiques de l’après-guerre, estime l’économiste Thomas Piketty https://www.lemonde.fr/politique/article/2020/11/19/la-dette-covid-relance-le-debat-sur-la-taxation-des-plus-riches_6060280_823448.html

    Une telle fiscalité permettrait effectivement une meilleure répartition, le développement des métiers du prendre soin et de l’éducation ainsi que de l’environnement et l’écologie, et éviterait certainement qu’une frange de la population bascule dans le populisme.

  2. André Duval dit : Répondre

    Je ne suis pas sûr que ces fortunes expriment quelques vérités sinon la folie du capitalisme financier. D’abord leurs augmentations ne sont que potentielles, si les propriétaires venaient à vendre toutes leurs actions elles reviendraient sûrement à des niveaux plus bas que ceux connus avant la pandémie.
    Ce ne sont pas des prélèvements exceptionnels sur les fortunes qui devraient être effectués mais des prélèvements permanents sur les revenus tirés de ces dites fortunes, dividendes et autres, et à la hauteur de ceux-là. Les fortunes elles-mêmes diminueraient plus que mécaniquement.
    L’objectif de cette fiscalité devrait être dans l’ordre de l’urgence : faire en sorte que les obligations tirées des droits de l’homme soient remplies : droit à manger à sa faim, droit au logement, droit à la santé, droit à la formation…, puis à l’écologie qui devrait être l’objet d’obligations pour tous les acteurs économiques y compris ceux dont on vient de parler. Voir l’action de Lucie Pinson :
    « En 2015, elle a convaincu les quatre plus grandes banques françaises de ne plus soutenir la construction de centrales ou de mines à charbon. Deux assureurs, Axa et Scor, ont suivi. Au total, 43 banques et compagnies d’assurances internationales se sont engagées à sortir du charbon. » Le Parisien dimanche 3 janvier 32021

  3. Pierre Jouannet dit : Répondre

    L’indécence devient intolérable dans le contexte actuel mais force est de constater qu’elle n’est pas nouvelle comme le montre l’excellent dossier de l’Observatoire des multinationales qui fait le véritable bilan des entreprises du CAC 40 en France:
    https://multinationales.org/IMG/pdf/bilan_cac40.pdf
    Indécence qui a d’ailleurs été entretenue, quand ce n’est pas stimulée, par tous les gouvernements qui se sont succédés depuis des dizaines d’années.
    Au delà des impôts et des taxes, ne faudrait-il pas revoir le système français ?

Répondre à Pierre Jouannet Annuler la réponse